La Banque centrale européenne a relevé ses taux d’intérêt plus que prévu jeudi, les inquiétudes concernant l’inflation galopante l’emportant sur les inquiétudes concernant la croissance, alors même que l’économie de la zone euro était sous le choc de la guerre russe en Ukraine.
La Banque centrale européenne a relevé son taux de dépôt de référence de 50 points de base à 0 %, dépassant sa propre prévision de 25 points de base, alors qu’elle s’est jointe à ses pairs mondiaux pour augmenter les coûts d’emprunt.
Il s’agit de la première hausse de taux par la Banque centrale européenne en 11 ans. Les décideurs politiques ont également convenu de fournir une aide supplémentaire aux pays les plus endettés du bloc monétaire des 19 pays, dont l’Italie, avec un nouveau programme d’achat d’obligations conçu pour limiter la hausse de leurs coûts d’emprunt et ainsi limiter la diversification financière.
La BCE a mis fin à une expérience de huit ans avec des taux d’intérêt négatifs, a également relevé son principal taux de refinancement à 0,50 % et s’est engagée à relever encore les taux, peut-être dès sa réunion du 8 septembre, avec d’autres à suivre plus tard.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré qu’une forte détérioration des perspectives d’inflation et un soutien unanime aux outils anti-fragmentation justifiaient une décision plus importante. Elle a énuméré les moteurs, y compris les coûts alimentaires et énergétiques plus élevés et la croissance des salaires.
Mais Lagarde a déclaré que si la BCE accélère désormais, le taux final – ou le niveau auquel la hausse se termine – n’a pas changé. La BCE n’a pas fourni d’indications sur une hausse de taux attendue en septembre, indiquant seulement que de nouvelles hausses seraient appropriées et qu’une décision serait prise réunion par réunion.
La BCE guide les marchés pour une hausse des taux d’un quart de point jeudi depuis des semaines, mais des sources proches des discussions ont déclaré que 50 points de base sont entrés en jeu peu de temps avant la réunion dans le cadre d’un accord qui comprend une aide aux pays endettés.
L’inflation étant susceptible d’être bien supérieure à l’objectif de 2 % de la BCE, toute pénurie de gaz naturel au cours de l’hiver à venir pourrait faire grimper les prix, permettant une croissance rapide et continue des prix.
Lagarde a averti que les perspectives d’inflation font face à des risques à la hausse et se sont intensifiées, d’autant plus que les prix de l’énergie restent élevés plus longtemps si la guerre est susceptible de se poursuivre. Une hausse de 25 points de base était attendue, mais la plupart étaient favorables à une hausse de 50 points de base, ramenant à zéro le taux de dépôt négatif record de 0,5 % de la BCE.
L’euro a augmenté de 0,8 % à 1,0261 $, après s’être échangé à 1,0198 $ avant la déclaration, mais est devenu négatif le jour où Lagarde s’est exprimée. Les marchés anticipent désormais une hausse des taux de près de 50 points de base en septembre et de 124 points de base pour le reste de l’année.
Le nouveau programme d’achat d’obligations, connu sous le nom d’instrument de protection de la transmission (TPI), est conçu pour limiter les coûts d’emprunt dans l’ensemble du bloc monétaire à mesure que la politique se resserre. Les coûts d’emprunt dans des pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal ont augmenté de manière disproportionnée avec la hausse des taux d’intérêt de la BCE, les investisseurs exigeant des primes plus élevées pour détenir leur dette.
L’activation de l’outil sera entièrement à la discrétion de la BCE, qui ciblera les obligations du secteur public avec des échéances allant de 1 à 10 ans.
Les pays seront éligibles s’ils respectent les règles budgétaires de l’UE et ne sont pas confrontés à des déséquilibres macroéconomiques importants.
Les engagements pris au titre du Fonds de l’UE pour la relance et la résilience devront être respectés, ainsi que les évaluations de la viabilité de la dette. L’engagement de la BCE intervient alors qu’une crise politique en Italie pèse déjà sur les marchés après la démission du prédécesseur de Lagarde à la BCE, Mario Draghi. Lors de la conférence de presse de Lagarde, l’écart de rendement des obligations italiennes et allemandes à 10 ans s’est creusé à 246,5 points de base, pas loin des 250 points de base qui avaient déclenché la réunion. La Banque centrale européenne a eu une urgence le mois dernier.
La hausse des taux de 50 points de base de la BCE reste à la traîne de ses homologues mondiaux, en particulier la hausse de 75 points de base de la Fed le mois dernier.