Les États-Unis mettent fin à la capacité de la Russie à payer les investisseurs internationaux. Ils interdisent à la Russie de payer les détenteurs d’obligations par l’intermédiaire des banques américaines, ce qui accroît le risque de défaillance.
Qu’est-ce qu’une obligation ?
Les obligations sont une forme de dette émise par les gouvernements, les entreprises et les municipalités. Elles peuvent constituer un investissement intéressant pour les investisseurs car elles offrent des taux de rendement intéressant tout en garantissant le capital.
Les investisseurs ont deux grandes façons d’investir : en direct ou à travers un véhicule d’épargne collectif comme un fonds commun de placement (FCP) ou une Sicav.
On distingue :
Les obligations souveraines émises par les Etats sur une durée pouvant aller jusqu’à 50 ans et répondant à des besoins patrimoniaux très différents : recherche de revenus réguliers, protection contre l’inflation, etc.
Les obligations corporate émises par une entreprise privée. La qualité de signature dépend de la solidité financière des sociétés émettrices. Plus risqués, ces titres offrent généralement des taux d’intérêt plus élevés que ceux des obligations d’État.
Si vous achetez des obligations en bourse, vous devrez vous prêter à une certaine gymnastique intellectuelle, car leur mode d’acquisition est spécifique. Le prix d’une obligation s’adapte en effet en permanence au niveau des taux d’intérêt des marchés financiers sur des durées équivalentes, afin que tous les titres de même durée servent un même taux.
Prenons un exemple simple : si vous avez acheté une obligation d’une valeur de 1000€ à 8% par an (soit 80€ de coupon par an), et que les taux d’intérêt augmentent d’1% par la suite (à cause de l’inflation par exemple), alors le marché demandera dorénavant un taux de 9% pour ce type d’obligation.
Étant donné qu’une obligation de ce type à 8% n’intéressera plus grand monde et que le coupon demeurera fixe à 80€/an, vous devrez sacrifier le prix de vente de votre obligation afin de proposer un rendement de 9% à l’acheteur.
Le phénomène inverse se produit dans le cas d’une baisse des taux d’intérêt : vous pourrez réaliser une plus-value en la revendant plus cher.
Au fur et à mesure qu’une obligation se rapproche de la date d’échéance, elle est de moins en moins sensible aux évolutions des taux.
La valeur d’une obligation cotée est toujours exprimée en « pourcentage » de son nominal, hors coupon couru (c’est-à-dire sans tenir compte de la partie du coupon qui sera détachée). Il faut donc effectuer des calculs précis pour savoir combien de titres acheter en fonction de la somme que vous êtes prêt à investir.
Alors que les obligations sont parfois difficilement accessibles aux particuliers, car prises d’assaut par les gérants des fonds collectifs et les investisseurs institutionnels, l’État a décidé de faciliter l’accès à ses titres d’emprunt phare : les OAT. Depuis janvier 2006, un véritable marché secondaire des OAT a été mis en place sur NYSE-Euronext, doté de mécanismes permettant aux acheteurs individuels d’acheter ou de vendre facilement les OAT, quelle que soit la taille de leurs ordres. Grâce à l’engagement d’établissements financiers teneurs de marché, la liquidité y est assurée et les investisseurs peuvent toujours trouver un prix auquel acheter ou vendre les OAT. Plusieurs types d’OAT sont ainsi accessibles : les classiques OAT à taux fixe, celles qui sont indexées à l’inflation, mais aussi des OAT de capitalisation, qui remboursent au terme le capital et le cumul des intérêts.
Quelle différence avec un titre financier ?
C’est un actif financier qui peut prendre la forme d’une action, d’une obligation, d’un titre de créance ou d’un OPC, qui lui-même contient des actions, obligations ou titres de créance. Il peut être émis par une société ou par un Etat.
On parle aussi de valeur mobilière.
Deux titres standards sont privilégiés dans cette section : l’action ordinaire et l’obligation à taux fixe. Ces deux types de titres financiers représentent toujours une part très importante de la valeur boursière de l’ensemble des titres cotés.
Une obligation précise contractuellement les conditions de rémunération. Dans le cas d’une obligation servant une rémunération fixe à l’investisseur, le revenu est régulier et prévisible, la possibilité d’intervention dans la gestion de l’émetteur est extrêmement réduite. Une action ordinaire n’offre pas les mêmes certitudes quant aux flux futurs, le versement d’un dividende n’est pas obligatoire même dans le cas d’une entreprise bénéficiaire ; l’investisseur dispose en revanche du droit de vote qui accompagne l’action…
Un titre financier est donc un titre échangeable sur les marchés financiers et qui confère à son porteur un droit à des flux financiers futurs. Il peut s’agir d’un titre de créance, comme une obligation : il matérialise alors le fait que le porteur est un des créanciers d’un emprunteur et lui donne un droit égal à celui de tous les autres porteurs de titres de la même catégorie (le droit de se voir rembourser les intérêts et le capital encore non échus). Une action est aussi un titre financier. Dans ce cas, on parle de titre de capital, car il matérialise la propriété d’une part du capital d’une entreprise.
Lorsqu’un emprunt est subdivisé en un certain nombre de titres, on parle de titrisation. Ce mot a souvent été évoqué comme un des éléments de la crise des “subprimes”, mais la titrisation n’est pas en soi une pratique dangereuse. A l’heure où les banques doivent réduire la taille de leur bilan, on s’attend dans les prochaines années à de nombreuses opérations de titrisation, qui permettront de transformer des créances bancaires en titres financiers pour les céder à des investisseurs
Revenons sur la Russie.
Les États-Unis vont fermer mercredi la dernière voie permettant à la Russie de rembourser ses milliards de dollars de dettes aux investisseurs internationaux, rendant presque inévitable un défaut de paiement de la Russie pour la première fois depuis la révolution bolchevique.
En effet, ils ne vont pas prolonger la licence temporaire accordée à la Russie pour permettre à celle-ci d’effectuer des transactions liées à ses obligations souveraines, une décision à même de rapprocher la Russie d’un défaut sur sa dette, alors que Washington accentue la pression sur Moscou à la suite de l’offensive en Ukraine.
Pourquoi cela pourrait endetter la Russie ?
- Plus personne ne voudra acheter d’obligations russes
- Le gouvernement Russe devra rembourser les personnes souhaitant revendre leur titre s’ils n’ont pas d’acheteurs
Le département du Trésor a indiqué dans une notification qu’il n’envisageait pas de renouveler la licence permettant à la Russie de continuer à payer ses débiteurs par l’intermédiaire des banques américaines.
Depuis les premières séries de sanctions, le département du Trésor a accordé aux banques une licence leur permettant de traiter tout paiement d’obligations de la Russie.
Certains signes indiquaient déjà que l’administration Biden n’était pas disposée à prolonger ce délai. Lors d’une conférence de presse avant la réunion des ministres des finances du Groupe des Sept à Koenigswinter, en Allemagne, la semaine dernière, la secrétaire d’État au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que la fenêtre existait “pour permettre une période de transition ordonnée et pour que les investisseurs puissent vendre des titres”.
Selon un bulletin publié par le département du Trésor intitulé “Notice on Russian Harmful Foreign Activities Sanctions General License 9C”, les États-Unis ont indiqué qu’ils ne prolongeraient pas la licence arrivant à expiration à partir de 00H01 mercredi heure de Washington.
“On s’attendait à ce qu’elle soit limitée dans le temps”, a déclaré Mme Yellen.
Cette annonce intervient deux jours avant la prochaine échéance de paiement pour Moscou, qui porte sur un peu plus de 100 millions de dollars d’intérêts sur deux obligations, dont l’une ne pouvant explicitement pas être payée en roubles.
La Russie est jusqu’à présent parvenue à effectuer les paiements sur ses obligations souveraines internationales en dépit des sanctions prises par l’Occident pour l’offensive menée en Ukraine.
La Russie ne pouvait déjà plus rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, dans le cadre des sanctions renforcées prises par les Etats-Unis le 5 avril.
La gouverneure de la banque centrale russe, Elvira Nabioullina, avait reconnu le 29 avril que Moscou était confrontée à des «difficultés de paiements» mais elle s’était refusée à parler de défaut de paiement potentiel.
La dette extérieure de la Russie représente, selon son ministère des Finances, environ 4’500 à 4’700 milliards de roubles (quelque 78 à 81 milliards de dollars au taux actuel), soit 20% de la dette publique totale.
Il s’agit de la dernière sanction prise par les États-Unis contre ce pays en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Selon une étude de JPMorgan Chase & Co., la Russie doit faire face à près de 400 millions de dollars de paiements dus sur des obligations libellées en dollars les 23 et 24 juin, selon un rapport de Dow Jones.
Timothy Ash, stratège souverain senior chez BlueBay Asset Management, a noté au début du mois sur CNBC que l’Office of Foreign Assets Control du Trésor, qui administre les sanctions économiques et commerciales, “peut agir à tout moment pour empêcher les institutions occidentales de traiter les remboursements d’obligations” de la Russie.
“L’OFAC peut forcer la Russie à faire défaut à tout moment. L’OFAC est toujours aux commandes”, a déclaré M. Ash.
Qu’est-ce que l’OFAC ?
L’Office of Foreign Asset Control (OFAC) est un département du Trésor américain chargé de faire appliquer les sanctions économiques et commerciales imposées par les États-Unis à l’encontre de pays et de groupes d’individus.
Des sanctions ont été imposées aux personnes impliquées dans des agressions à l’étranger, des activités terroristes et des ventes de stupéfiants, entre autres.
L’OFAC a été créé en 1950 lorsque la Chine est entrée dans la guerre de Corée. Le président Harry Truman a déclaré l’événement comme une urgence nationale et a gelé tous les avoirs chinois et coréens soumis à la juridiction américaine.
Points clés à retenir
- L’OFAC applique les sanctions commerciales et économiques américaines imposées aux nations ou groupes étrangers.
- Les sanctions peuvent être approuvées par le Congrès ou initiées par des pouvoirs d’urgence détenus par le président.
- Les sanctions visent à perturber les activités préjudiciables aux États-Unis et à leurs alliés et à y mettre fin.
Récemment, la Russie a interdit de façon permanente à près de 1 000 Américains, dont le président Biden et la vice-présidente Harris, d’entrer dans le pays en réponse au soutien apporté par les États-Unis à l’Ukraine et aux sanctions historiques auxquelles Moscou est confronté près de trois mois après son invasion, tel que le non-renouvellement de la licence permettant à la Russie de continuer à payer ses débiteurs par l’intermédiaire des banques américaines.
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