La magie du Quantitative Easing…
En réponse à la crise sanitaire mondiale causée par le COVID-19, les banques centrales mondiales ont adopté des politiques monétaires plus qu’accommodantes. La FED pour ne citer qu’elle, a baissé ses taux proches de 0 afin de faciliter l’accès aux crédits des particuliers et des entreprises. De plus pour supporter les dépenses de l’état américain, la FED s’est lancée dans l’achat de dette américaine sur le marché secondaire afin de faire baisser le coût d’emprunt à ce dernier.
Ce plan est plus communément appelé « Quantitative Easing » ou encore Assouplissement Quantitatif en français. Le prix d’une obligation est inversement corrélé à son taux d’intérêt. En d’autres termes, quand la FED achète de la dette, le prix des obligations augmente faisant mécaniquement chuter le taux d’intérêt. Bien entendu, cette façon de faire est complètement artificielle, car la FED dispose d’une force d’achat qu’aucun autre acteur de marché ne peut égaler. La demande est donc faussée.
Magique me direz-vous ? Mais le revers de cette politique monétaire n’est autre que l’inflation. En effet, « l’argent gratuit » distribué pendant la crise covid va maintenant devoir être payé par l’inflation. Ceci s’explique par la demande agrégée qui tend à augmenter avec une offre qui reste plus ou moins stable, cela amène donc les prix à augmenter. L’inflation n’est donc pas causée par la guerre entre la Russie et l’Occident, certes elle a un rôle important dans l’augmentation des prix sur les matières premières mais n’est en aucun cas l’essence.
Quel est le résultat de cette politique monétaire d’un point de vu inflationniste ?
Vendredi dernier, les chiffres de l’inflation du mois de mai 2022 aux Etats Unis ont été rendus publique. Ce dernier est exprimé en glissement annuel, ce qui correspond à l’inflation entre mai 2021 et mai 2022. Le consensus sur ce taux d’inflation était attendu à 8.3%, ce dernier a été publié à 8.6%.
Le marché qui attendait avec la plus grande prudence ce chiffre macroéconomique a clôturé le dernier jour de la semaine à – 2.91% pour le S&P500 ou encore -3.56% pour le Nasdaq.
Ceci peut s’expliquer en partie, par la réponse de la FED ce mercredi 15 juin à 20h00 qui pourrait être plus « Hawkish » que prévu.
En effet depuis le début de l’année 2022, la principale préoccupation de la FED est l’inflation. Pour cela, elle n’hésite pas à augmenter petit à petit ses taux directeurs et de réduire son plan de Quantitative Easing.
Le FFR ( Fed Funds RATE ) est passé proche de 0 en Février 2022 à une cible entre 0.75%-1% au mois de mai 2022. La cadence de cette augmentation de taux s’est accélérée le mois dernier avec une hausse de 50 points de base comparée aux hausses précédentes de 0.25%.
Quel est le consensus pour la délibération du FOMC de mercredi soir ?
Le consensus pour la décision de juin 2022, est en faveur d’une hausse de 50 points de base avec une probabilité de 75.2% et 24.8% pour une hausse de 75 points. Cette dernière probabilité s’est vue largement augmenter après les chiffres de l’inflation vendredi dernier.
La crainte chez les investisseurs n’est donc pas la hausse de 0.5% car elle est déjà « price » dans les cours actuels, mais bel et bien d’une hausse de 75 points ce mercredi ou dans les prochaines réunions. Il faudra donc être attentif au discours de J.Powell ainsi qu’aux questions auxquelles il sera confronté.
Quels seront les impacts respectifs sur les marchés suivant le scénario choisi ?
- 0.5% ce mercredi ainsi qu’un discours rassurant sur les prochaines hausses de taux : Cela pourrait être la meilleure option pour les marchés actions, cependant cela n’est pas assez pour permettre au marché de poser son bottom. On pourrait voir un rebond de quelques jours se mettre en place.
- 0.75% avec un discours agressif concernant les prochaines hausses de taux. C’est l’un des pires scénarios qui pourrait se produire. Cela amènera sans hésitation à une continuation baissière et enfoncer les plus bas courts termes sur les indices.
Concernant le FOREX, la paire USD/EUR pourrait passer une vitesse supplémentaire dans son appréciation si la FED décide d’être moins accommodante que le consensus actuel, de plus le $ index pourrait lui aussi continuer dans son ascension fulgurante.
Points macroéconomiques de la semaine à ne pas négliger :
Malgré l’annonce d’une importance presque historique de la FED, nous devons tout de même regarder les chiffres macroéconomiques importants de la semaine.
Nous aurons le PPI ( Producer Price Index ) demain aux US qui est un indicateur avancé de l’inflation des prix à la consommation, ainsi que le CPI ( Consumer Price Index ) pour la zone euro ce vendredi.
En attendant, ce qui est sûr c’est que la volatilité sera au rendez-vous cette semaine.
Paul
Merci pour ces riches informations. J’attends avec impatience le discours de notre Powell international 👍🏻
Jad Sirawan
Excellent! Ce sont de très bonnes informations que tu nous partages, maintenant plus qu’à attendre le 15juin.